Depuis les indépendances et jusque dans les années 1980, les pays africains ont développé, à différents niveaux (national, sous-régional et régional), un certain nombre d’initiatives (stratégies, politiques, mesures, réformes, etc.)1 visant à répondre à leurs impératifs de développement. Il s’agissait notamment pour ces pays de se doter, collectivement ou individuellement, d’une gestion macroéconomique plus efficace fondée sur des politiques qui favorisent une croissance soutenue et stable, susceptible de générer le progrès économique et social.
Au Burkina Faso, cette dynamique s’est caractérisée dès 1960 par la politique du « zéro déficit budgétaire, zéro dette publique ». Cette politique visait à rétablir les équilibres macroéconomiques après la mauvaise gestion qui a caractérisé les lendemains de l’indépendance. Il s’en suivra entre 1961 et 1962 un ensemble de mesures d’auto-ajustement qui ont permis d’éviter la faillite du pays sans éliminer pour autant le déficit budgétaire visé. Entre 1962-1982, la politique publique burkinabè est caractérisée par une accumulation de plans et projets basés principalement sur la disponibilité des bailleurs à accorder des financements. Un ministère du plan chargé de piloter les nombreux programmes et plans dont le programme populaire de développement (PPD, 1983-1986) a été créé. De nombreux textes réglementaires et lois sont pris pour accompagner la planification et assurer un contrôle de l’économie par l’État alors présent dans tous les secteurs de la vie économique (création des sociétés d’État, y compris dans le système bancaire, la distribution et le commerce international, contrôle des prix, etc.).
Malgré les efforts faits, la gestion publique pose problème et au regard de l’histoire des politiques de développement et des résultats obtenus, il est aujourd’hui reconnu que le maintien d’une croissance rapide ne conduit pas automatiquement à une transformation structurelle et à une baisse rapide de la pauvreté. Cette croissance doit être volontairement orientée pour un développement durable et inclusif, fondé notamment sur une dynamique en vue d’une industrialisation adaptée aux réalités nationales, une diversification économique qui crée de l’emploi, contribue à réduire la pauvreté et l’inégalité en même temps qu’elle permet et élargit l’accès aux services de base.
Dans ce sens, l’économie verte inclusive, pensée dans une logique de transformation structurelle, s’impose de plus en plus dans les débats politiques et stratégiques comme l’approche la mieux indiquée pour permettre de réaliser ce type de résultats, c’est-à-dire une croissance économique durable, inclusive et vigoureuse tout en améliorant la productivité et l’utilisation efficace des ressources naturelles, réduisant les dommages environnementaux et favorisant la résilience aux changements climatiques.
C’est dans ce contexte que la CEA a initié la présente recherche dans un certain nombre de pays africains dont le Burkina Faso pour lequel plusieurs questions se posent : comment le contexte macroéconomique actuel s’articule-t-il avec les principes d’économie verte inclusive ? Quelles sont les caractéristiques de cette articulation ? Comment une meilleure articulation des principes 4 La mise en œuvre du CSLP a certes permis de réaliser des progrès en matière de gestion de l’économie, mais ces progrès n’ont pas permis de réaliser pleinement les objectifs quantitatifs de développement, notamment la réalisation d’une croissance forte et la réduction significative de la pauvreté. 3 Politiques d’économie verte inclusive et transformation structurelle au Burkina Faso d’économie verte inclusive avec les politiques, stratégies et mesures actuelles impulseraient la transformation structurelle de l’économie burkinabè ? Et comment améliorer cette articulation ? Le présent rapport de l’ECA a tenté de proposer les réponses les plus plausibles à ces différentes questions et les recommandations pour transition verte et inclusive du pays.
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