CONFERENCE INTERNATIONALE SUR L’EMPLOI DES JEUNES EN AFRIQUE SUBSHARIENNE
Dakar, du 28 au 30 janvier 2013
SYNTHESE ANALYTIQUE
Le système éducatif : Un de nos principaux handicaps dans la lutte contre le chômage des jeunes
« Nos politiques feront assurément de la jeunesse africaine une force de travail ou une force destructrice»
C’est pour faire de la jeunesse une force de travail que, venus d’environ de tous les horizons, les autorités en charge de l’emploi et leurs partenaires, les praticiens, les chercheurs et les jeunes prennent part à la conférence internationale sur l’emploi des jeunes en Afrique subsaharienne (ASS) qui se tient depuis le mardi 28 janvier 2014 à Dakar, Sénégal. Pendant ces deux premières journées, les participants ont échangé sur les enjeux de la question, les recherches et expériences respectives et les stratégies mises en œuvre pour lutter contre le chômage des jeunes.
Cet espace de rencontre est encore une fois l’occasion d’une réflexion collective de tous les acteurs, sur les grands problèmes et solutions à apporter pour une plus grande accessibilité du marché du travail en faveur des jeunes. Les réflexions visent à renforcer le dynamisme déjà en cours sur la question.
Des deux jours d’échanges, plusieurs constats émergent des idées et débats. Pour l’heure, nous retenons les deux éléments suivants :
- La plupart des pays de l’ASS n’ont pas achevé leur transition démographique. Pour les 25 années à venir, il faut s’attendre à une arrivée massive des demandeurs d’emploi sur le marché du travail. Au Burkina Faso, on estime les arrivées à 140 000 personnes par an contre une capacité de création d’emploi de 20 000. Soit une couverture des besoins d’à peine 15%.
- Les jeunes et les femmes sont les plus touchés par le chômage. En ASS, 3 chômeurs sur 5 sont des jeunes. En termes de probabilité, ils ont 3 fois plus de chance que les adultes d’être chômeurs. En moyenne, 72% de ces jeunes vivent avec moins $2 (1.000 FCFA) par jour.
Ces deux éléments nous amènent à conclure le problème du chômage se pose avec acuité et restera pendant longtemps un problème majeur pour nos économies. Il ne peut donc être résolu par l’approche « Engineering » qui consiste à attendre les « pannes », c’est à dire que les problèmes se posent avant de les résoudre. A ce titre, les échanges font ressortir que dans presque tous les pays, différentes politiques ont été expérimentées, avec une panoplie de projets, programmes et fonds qui peinent à traiter adéquatement le problème avec en filigrane la question d’efficacité même de ces actions, la coordination, la transparence dans la gestion des fonds, l’accessibilité pour les jeunes et le problème lié à la faiblesse, voire l’absence de véritables systèmes de suivi évaluation.
Sur le plan des perspectives différentes idées émergent également. De manière synthétique, nous en retenons deux types. L’ASS doit :
- Repenser son système éducatif et de formation : la plupart des pays ici considérés ont hérité des systèmes éducatifs de la colonisation qui avaient pour but de s’assurer que les cadres pouvaient répéter les messages sans les déformer. D’où les pratiques de récitations des leçons ou le principe « du bois l’eau » comme le disent aujourd’hui les étudiants. Un tel système est un véritable handicap pour l’esprit d’entreprise et d’innovation. Dans nos systèmes, on continue, même dans les formations dites professionnelles à donner aux candidats des tonnes de matières dont ils n’auront presque jamais besoin dans leur métier : une pratique qui allonge utilement le temps de travail et les coûts de formation. Ce qui est paradoxal pour des pays pauvres comme les nôtres. Situation également paradoxale au regard de nos politiques qui visent l’accélération de la croissance.
- Redéfinir l’implication des jeunes dans la recherche de solutions au problème : Dans plusieurs ateliers, réunions, conférences et autres rencontres, la question est traitée sans que les jeunes ne soient vraiment représentés. Dans l’approche actuelle, les jeunes sont souvent présents, mais en réalité, ils ne sont pas représentés. C’est quoi la représentation et comment est-elle faite donc ? il ne s’agit pas d’être présent pour être représenté, à notre avis. Le problème ici soulevé est la question de la qualité de la représentation. Jusqu’à quel niveau les jeunes sont écoutés ? A quel degré leurs préoccupations, idées et propositions sont adéquatement prises en compte dans les politiques mises en œuvre ? Mieux, quel est le niveau, quels capacités techniques ont les représentants des jeunes pour analyser et saisir véritablement et selon les contextes, les enjeux politiques et socioéconomiques en vue de faire des propositions stratégiques innovantes. D’ailleurs, nous parlions tantôt des lacunes de notre système éducatif qui impact précisément et fortement sur ce point.
Pour terminer, il faut noter que dans les échanges, un troisième type d’idées qui apparait tient au fait que l’Afrique doit Revoir son Modèle de Business. Nous reviendrons ultérieurement sur la question dans le cadre d’une autre synthèse analytique.
Remerciements pour leur engagement
Dr Gountiéni D. LANKOANDE