Au regard des théories classiques de la croissance[1], le Burkina Faso présente une situation paradoxale comme beaucoup d’autres pays de nos jours. En général (voir par exemple Fields (2001))[2], une augmentation de la croissance économique combinée à une baisse relative des indices d’inégalité aussi faible soit-elle devrait s’accompagner d’une baisse relative de la pauvreté. Or, de nombreuses données montrent qu’aujourd’hui ce n’est pas le cas.
L’économie burkinabè a enregistré une croissance de l’ordre de 5 % sur la période 2000-2010[3]. Par ailleurs, même si la diminution est limitée, les indicateurs d’inégalité baissent depuis cette période (CAPES, 2011). Malgré cette situation, on assiste à une stagnation de la pauvreté comme mentionné plus haut. De 1998 à 2003, le taux de pauvreté est passé de 45.3% à 46.4%, soit une légère augmentation d’environ 1,1 point. En 2010, on enregistre une baisse de 2,5 points par rapport à 2003 avec un taux de l’ordre de 43.9% (SCADD, 2011). En moyenne, sur douze (12) ans, la pauvreté n’aura baissé que d’environ 1,2 point.
Aujourd’hui, les données (voir par exemple : SP/CONEDD, 2011)[4] convergent vers cinq p rincipaux facteurs explicatifs qui soulèvent en réalité la question de la faible qualité de la croissance économique au Burkina Faso. Malgré les progrès faits au fil du temps, aujourd’hui encore, elle est jugée dans l’ensemble comme une croissance : 1) qui profite faiblement aux couches les plus pauvres de la population ; 2) pauvre en création de nouveaux emplois ; 3) affectée par une analyse difficile de l’orientation globale de la politique de lutte contre la pauvreté ; 4) affectée par une rapide augmentation du coût de la vie qui a un impact important sur la pauvreté et réduit les efforts de l’Etat ; 5) insuffisante pour réduire la pauvreté.
Une telle situation commande-t-elle un changement profond de nos stratégies et politiques ? Comment l’économie verte inclusive peut-elle s’articuler et contribuer à la réalisation d’une transformation structurelle de qualité au Burkina Faso ? En quoi peut-elle constituer une opportunité pour un engagement accru dans le développement durable et l’économie verte inclusive ?
C’est pour répondre à ces questions que la Commission Economique pour l’Afrique (CEA) a confié au Dr Lankoandé, membre du GRAAD, la réalisation d’une étude sur le thème « Economie verte inclusive et transformation structurelle au Burkina Faso ». L’étude est prévu pour se terminer en mi-octobre avec un atelier de restitution prévu au Centre National des Archives de Ouagadougou.
[1] Cf. Fields Gary. S. (2001), Distribution and Development. A new look at the developing World, Russell Sage Foundation and The MIT press (Page 95 à 104).
[2] Fields Gary. S. (2001), Page 95 à 104.
[3]Données Banque Mondiale (www.worldbank.org), 27 juillet 2013
[4] Corten André. Le discours de la pauvreté de la Banque Mondiale. In: Langage et société, n°85, 1998. pp. 5-24., url :/web/revues/home/prescript/article/lsoc_0181-4095_1998_num_85_1_2822, Consulté le 27 juillet 2014