Aider à prendre les décisions, les bonnes, implique la fourniture de données « fiables » à même de permettre aux dirigeants d’affiner les politiques de développement. C’est la mission que se donne le Groupe de recherche et d’analyse appliquées pour le développement (GRAAD Burkina), afin d’aider à mieux prendre en compte les relations de genre dans les politiques d’intégration régionale pour une amélioration de la situation économique de la femme et la transformation des relations sociales dans l’espace UEMOA.
Durant 36 mois, le GRAAD devra fournir des données fiables dans le cadre du projet intégration régionale, amélioration de la situation économique de la femme et transformation des relations de genre dans l’espace UEMOA, dénommé InterGenre-UEMOA. Ce sont notamment le rôle et le poids des femmes dans le commerce transfrontalier, l’égalité de genre comme facteur d’amélioration de la compétitivité, les données statistiques de genre relatives au commerce. Financé par le Centre de Recherches pour le Développement International (CRDI), ce projet d’étude en parallèle avec la politique d’aide internationale féministe du Canada – « socle et boussole des actions de développement du Canada à travers le monde pour un monde plus juste, plus inclusif et plus prospère » – sont deux visions qui se rencontrent pour le même objectif.
« Quand vous prenez les documents de l’UEMOA, on retrouve le problème de manque de données. Quand vous prenez le diagnostic du ministère en charge de la femme, vous retrouvez également cette problématique de manque de données pourtant nécessaires pour de décisions publiques plus ciblées et plus efficaces », partage Gountiéni D. LANKOANDE, Secrétaire Exécutif du GRAAD Burkina et par ailleurs Coordonnateur du projet, lors de la cérémonie officielle de lancement, le 29 juin 2018. Pour le chercheur, fournir aux décideurs des données désagrégées serait donc déjà un apport important.
Ce que la Secrétaire d’Etat chargée des affaires sociales, des personnes vivant avec un handicap et de la lutte contre l’exclusion, Yvette DEMBELE, saluera en expliquant la nécessité de mener une étude axée sur le genre. « Nous attendons de cette recherche des données fiables pour pouvoir orienter la mise en œuvre de nos différentes actions », a-t-elle dit dans son adresse au GRAAD Burkina.
McKinsey Global Institute indiquait en 2016 que l’égalité entre les sexes peut ajouter annuellement 12 000 milliards de dollars à l’économie mondiale, et le PNUD, dans son rapport sur le développement humain de la même année relevait que l’Afrique sub-saharienne perd annuellement 100 milliards de dollars du fait des inégalités. Pour l’ambassadeur du Canada au Burkina Faso, Edmond Raphael WEGA, je cite : « Il est maintenant bien établi que lorsque les femmes ont l’opportunité de mettre l’intégralité de leur potentiel à contribution, il s’en suit une croissance économique plus rapide et plus inclusive ».
En effet, le constat dressé actuellement par la recherche indique que l’activité économique de la femme prend également de plus en plus un caractère régional. Les Nana Benz ne font pas des affaires seulement au Bénin et au Togo, le beurre de karité n’est pas vendu uniquement au Burkina, les arachides du Sénégal ne sont pas seulement vendues qu’au Sénégal.
Paradoxalement, « la pauvreté et la vulnérabilité continuent d’avoir un visage essentiellement féminin ». « Il est important et urgent, dira le diplomate, de « faire la lumière sur le rôle et le potentiel de la femme dans le processus de production, de transformation, de commercialisation et de distribution des différents bien et produits ».
En conclusion, alerte le Coordonnateur du Projet, « si nous travaillons sans la femme, nous travaillons à perdre la moitié de notre potentiel en termes de richesses ». Pour ne pas en arriver là, invite Dr Gountiéni Damien LANKOANDE, « il nous faut davantage intégrer cette moitié de la terre dans la philosophie que c’est cette union qui fera la force qui fera un développement durable encore plus inclusif ».
En rappel, l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) – en attente d’adopter une stratégie genre couvrant la période de 2018 à 2027 – cherche à adresser nombre de problématiques qui lui sont « chères mais hélas, insuffisamment documentées ». note le Représentant du Commissaire en charge du Département du Développement Humain de l’UEMOA, venu représenter l’Institution.
Cellule de communication / GRAAD Burkina
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