Si dans certaines conditions les pesticides sont bénéfiques pour la productivité et allègent à court terme le travail du producteur, la littérature actuelle montre qu’ils sont nocifs pour l’homme et l’environnement. Différentes études montrent en effet que les pesticides sont responsables de certains cancers de la prostate ou du sein. Dans certains cas, ils auraient des effets négatifs sur le déroulement de la grossesse pour les femmes exposées. Ils polluent également les nappes phréatiques et pour cela certains produits comme l’atrazine (surnommé ennemi sournois de l’eau) sont interdits par exemple en Europe depuis 2004.
Si dans les pays développés, la toxicité des pesticides et leurs conséquences peuvent être minimisées grâce notamment au niveau d’éducation et de formation des utilisateurs, mais également au niveau de développement du système et des infrastructures sanitaires, au Burkina Faso, les conditions d’utilisation des pesticides font froid dans dos.
Dans une étude menée dans la commune de Koudougou et environnants, il ressort que la moitié (47%) des utilisateurs ne savent ni lire ni écrire. On note les mêmes conditions au niveau des vendeurs.
« 80% des distributeurs qui ne savent ni lire ni écrire vendent des produits potentiellement dangereux à près de 50% d’utilisateurs qui n’ont aucun niveau d’instruction »
Comment font-ils donc avec les contenus de notices d’utilisation écrites souvent en anglais ou en français ? 84,1% des producteurs enquêtés ignorent totalement le nom des produits et une bonne partie juge que ce n’est même pas important. Pour cette catégorie de personnes, le plus important pour un pesticide, c’est sa capacité à provoquer la « mort subite ». Dans ce contexte, on peut alors comprendre pourquoi malgré son interdiction dans toute l’Afrique de l’Ouest, l’Endosulfan est utilisé par environ 90% des producteurs enquêtés. Il faut noter que ce produit est soupçonné de provoquer l’atrophie des testicules, une hyperplasie de la thyroïde, une diminution du taux des hormones (testostérone, LH, FSH) ainsi qu’une augmentation du poids de l’hypophyse et de l’utérus. Ce qui sous-tend la présence d’une perturbation endocrinienne.
L’autre constat le plus inquiétant est l’utilisation des pesticides très toxiques (Endosulfan, Atrazine, etc.) pour le traitement des jardins maraichers dont les produits (Tomates, carottes, oignons, choux, etc.) sont consommés plus ou moins directement.
D’un autre côté, plus de la moitié (53,3%) des produits enregistrés sont d’origine et de caractéristiques inconnues, donc inclassables selon des critères de toxicité. 35% des pesticides enregistrés sont de la classe II (Classification OMS). L’utilisation des pesticides de cette classe n’est autorisée qu’à des traiteurs entraînés et suivis qui respectent strictement les précautions prescrites. Les producteurs enquêtés ne devraient donc être, en aucun cas, autorisés à utiliser ces pesticides. Pourtant, ils le font sans aucun équipement approprié de protection pour la plupart.
Ces mauvaises pratiques posent un gros problème de santé publique. En 2013, une étude du SPCONEDD montrait que le mauvais usage des pesticides coûte à l’Etat burkinabè environ 15 milliards de FCFA par an. Le coût le plus élevé étant enregistré pour la santé humaine.
Quelque chose devrait être fait et le récent engagement du gouvernement dans ce sens mérite d’être encouragé.
Pour les plus curieux