Un des problèmes fondamentaux souvent évoqués par les organisations paysannes (OP) en matière de promotion de l’agriculture familiale est le faible accès des petits exploitants au financement (GRAAD, 2011 et GRAAD, 2012). Sur ce point, on entend souvent dire que le système bancaire rechigne à financer le secteur agricole parce que ce dernier présente de nombreux risques intrinsèquement liés à l’activité elle-même.
Ainsi que le montre cette étude et d’autres, dans bien de cas, il importe de nuancer ces affirmations dans la mesure où la faiblesse des financements accordés aux exploitants agricoles peut résulter, non pas d’un rationnement du crédit mais d’un comportement d’auto-exclusion de l’exploitant lui-même des circuits de financement.
En effet, dans la théorie économico-financière, pour qu’on parle de rationnement, il faut d’abord qu’il ait eu demande. Or, il se trouve que dans la plupart des cas, ce sont des exploitants eux-mêmes qui n’expriment pas le besoin, évidemment, pour diverses raisons (GRAAD, 2011).
Dans cette étude, les données collectées semblent corroborée ce comportement d’auto-exclusion. En effet, comme le montre le graphique 1, plus de 61% des exploitants enquêtés affirment n’avoir jamais formulé une demande de crédit au cours des cinq dernières années au moment de l’étude.
Graphique 1: Proportion des exploitants qui ont demandé du crédit
Source : GRAAD, 2011
Pour mieux comprendre ce constat, la question de savoir pourquoi a été posée ?
En réponse, les principales raisons avancées par les producteurs enquêtés sont résumées dans le graphique 2. Elles concernent spécifiquement les exploitants qui n’ont pas formulé de demande de financement.
Graphique 2: Raisons de non demande de crédit
Source : GRAAD, 2011
Il ressort de ce graphique que le manque d’information est le premier facteur qui justifie le l’exclusion des producteurs agricoles des circuits financiers actuels. En effet, plus de 65% des exploitants qui n’ont pas demandé du crédit avance cette raison. On trouve également d’autres raisons telles que le coût élevé du crédit cité par 21% des exploitants, le fait que le crédit soit mal vu dans leur contexte social (8,5%).
Au total, on note que le manque d’information sur le système financier justifie le comportement d’auto-exclusion des exploitants agricoles. A cet égard, on pourrait penser que c’est le faible niveau d’instruction qui justifie cet état de fait.
Cependant, pour la grande majorité des responsables des SFD (82%), ce constat est tout simplement le résultat du manque d’intérêt que les producteurs manifestent à l’égard des institutions financières. Les plus hauts responsables de la FCPB estiment que les campagnes d’informations organisées notamment par les CP sont normalement suffisantes et suffisamment claires. Pour eux, cette raison n’est pas fondée.
Cette position peut se comprendre aisément dans une certaine mesure. En effet, les données de l’étude montre que l’accroissement du niveau de scolarisation ne s’accompagne pas d’une amélioration significative de la propension de demande de crédit (GRAAD, 2011).